L'Ecolière

L'Ecolière

Le dragon en cartographie

Le dragon

en cartographie

 

Les anciennes cartes regorgent de créatures fantastiques occupant les territoires inexplorés. Les cartographes Romains et médiévaux avaient coutume de placer l'inscription "hic sunt leones" (ici se trouvent des lions) sur  ces endroits inconnus. Mais l'inscription la plus célèbre, celle qui fut reprise par bien des dessinateurs pour ajouter une touche de mystère à leurs plans, reste sans aucun doute la mention "hic sunt dracones"...

 

L'art de la cartographie :

Les anciens planisphères, avec leur abondance de couleurs, de détails et d'ornements, sont de véritables œuvres d'art !  Cependant, les personnages aux joues gonflées pour représenter les vents, les signes du zodiaque et les méridiens rappellent qu'il s'agit avant tout d'outils pour la navigation. Avant l'ère des grandes découvertes et l'apport des nouvelles technologies, les premières cartes se contentaient de décrire des pays au tracé approximatif et des bateaux disproportionnés.  

Par opposition aux superbes plans que pouvaient faire certains cartographes, il existait des Portulans ("livre d'instruction nautique" en Italien), peu détaillés et remarquables par l'alignement perpendiculaire des noms de lieux par rapport aux côtes. Ils furent utilisés jusqu'au XVIIIe siècle.

 

MapCarte35_ortelius_large.pngCarte d'Abraham Ortelius, 1585, Société Royale de Géographie, Londres

 

La queue du dragon :

La cartographie apparaît dès l'Antiquité. Les premières recherches datent du IIe siècle après J.C. Elles  sont rassemblées dans l'atlas de Ptolémée, un ouvrage dont les plus anciens exemplaires remontent seulement au XIIIe siècle.  Le géographe grec met en garde contre les dragons de certaines latitudes. 

Eratosthène, un philosophe grec bien plus ancien (IIIe siècle avant J.C.), appelle l'extrémité Est de l'Inde  la "queue du dragon".  C'était un savant émérite, directeur de la Bibliothèque d'Alexandrie pendant le règne du pharaon Ptolémée III. Il  se serait laissé mourir de faim  à cause de sa cécité qui l'empêchait d'admirer les étoiles.

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Carte de Ptolémée imprimée au XVe siècle.

 

Hic sunt dracones  :

La curieuse mention "Hic sunt dracones" (ici se trouvent des dragons) n'est notée que sur deux planisphères, à l'origine. Le plus connu est le globe de Lenox : découvert en 1855 à Paris, l'architecte Richard Hunt l'offre à James Lenox, un collectionneur Américain. Il s'agit d'une petite sphère de bronze, mesurant 13 cm de diamètre, sur laquelle sont gravés des monstres marins dans tous les océans. On estime la date de sa création à 1510. La fameuse formule se trouve sur le côté est de l'Asie. Serait-ce une référence à un peuple nécrophage mentionné par Marco Polo ? Ou cela ferait-il allusion au dragon de Komodo indonésien, courant dans les contes de cette région ? 

Le deuxième objet célèbre  portant l'inscription dragonesque est tout aussi étrange. Il s'agit d'un œuf  d'autruche sur lequel  a été dessiné mers et continents. Il est daté de 1504.

 

Fra Mauro Map :

La carte de Fra Mauro, un moine vivant sur l'île de Murano (près de Venise), a été dessinée en 1450. Orientée avec le sud vers le haut, c'est un véritable chef d'œuvre de précision :  pas moins de 3000 textes descriptifs accompagnent une foule de détails graphiques.  Cette carte exceptionnelle marque la fin de la géographie basée sur des références bibliques et la naissance de la cartographie scientifique. Sur  ce carré de parchemin de deux mètres de côté figure la "Isola de dragoni" (l'île des dragons), dans l'océan Atlantique. Près de Hérat (Afghanistan),  se trouve une légende mentionnant des dragons au front surmonté d'une pierre magique, capable de guérir certaines maladies. Le tout suivi par quelques conseils permettant d'attraper ces dragons et de s'emparer de leur trésor.

 

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Globes et mappemondes :

D'autres globes et mappemondes décrivent largement le dragon sous toutes ses formes. Le planisphère Borgia (1430) par exemple, représente un dragon en Asie accompagné d'un court texte mentionnant des serpents énormes capables d'engloutir un bœuf entier.  La mappemonde d'Elbstorf (XIIIe siècle), découverte dans un couvent d'Allemagne en 1830, est centrée sur Jérusalem masquée par le Christ. Plus on s'éloigne et plus la carte montre des contrées rudes et sauvages où figurent un dragon, un basilic et un aspic à l'extrémité de l'Afrique.

D'autres cartes  affichent le dragon dompté par le Christ ou le place à l'opposé de celui-ci. Ce pourrait être une manière de marquer la limite entre les terres chrétiennes et le monde païen. Par exemple, sur une carte du XVe siècle, l'Amérique est désignée par "Terra de Bacalaos" (terre des morues) !

Ci contre :  le Jenshin-no-ben (XIXe siècle) japonais où le dragon entourant le monde est associé aux tremblements de terre.

 

Les dragons du net :

L'expression "hic sunt dracones" a été souvent reprise pour bien des occasions. Elle est aussi utilisée par certains programmeurs qui souhaitent indiquer des zones plus sombres ou plus complexes d'un programme informatique.  Par exemple, il parait que si on tape "about.config" dans le moteur de recherche de Mozilla Firefox (version 3.5), la formule magique s'affiche automatiquement !

 

Sources : Dragons et créatures fantastiques, collection Atlas - plusieurs articles de Wikipédia

 

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16/04/2015
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