La charrette bleue
La charrette bleue
René Barjavel
L'histoire :
Dans la Charrette Bleue, René Barjavel nous raconte son enfance dans la boulangerie provençale de ses parents. Au début de l'histoire, il assiste à la fabrication de la charrette bleue commandée par un fermier des Estangs au charron Illy. Sa mère l'appelle pour lui donner son goûter : une tranche de pain et une demi-barre de chocolat. C'est à cet instant précis, alors que l'auteur se remémore le dernier souvenir net de sa mère en bonne santé, que Barjavel nous entraîne dans un océan de souvenirs. Le voyage est long, à chaque nouveau visage, un souvenir resurgit sans pour autant nous entraîner tout à fait car le personnage principal est un petit garçon naïf et émerveillé qui doit se frayer un chemin parmi les vagues pour atteindre la fin du livre. Eh oui ! Car Illy ne cesse de travailler et la charrette bleue est bientôt prête...
Mon avis :
Il est difficile de vous faire un résumé concret de ce que j'ai lu. C'est trop riche. L'histoire a l'air de se perdre dans les méandres de la mémoire de l'auteur, mais ce n'est qu'une impression : régulièrement, René Barjavel freine son élan pour revenir à une certaine chronologie. Mais c'est tellement agréable de laisser son esprit aller au gré des vagues, car c'est vraiment l'image que je perçois du roman : une mer calme et ensoleillée, où même les instants les plus tristes n'éveillent aucune colère ni aucune haine.
La Charrette Bleue est un roman merveilleux. J'ai appris beaucoup de choses sur des sujets divers et inattendus. Ca m'a aussi rappelé mes propres souvenirs parfois. J'ai très sincèrement eu l'impression d'être apaisée : quand j'ai commencé à lire le livre, je venais de finir de lire Madame Bovary qui est à l'opposé de tout ce que j'aime. J'étais outrée par la lourdeur des phrases et par l'horreur de l'histoire. Ce livre venait de me fâcher définitivement avec la littérature parce que je n'ai pas la maturité nécessaire d'apprécier les qualités d'un roman qui fait du mal au lecteur.
Quand je me suis plongée dans la Charrette Bleue, c'était une grande bouffée d'air frais. Ca m'a remplie d'idées positives et ça m'a même donné envie de découvrir d'autres classiques alors que je m'étais plus ou moins promis d'y renoncer.
C'est écrit avec tant de charme qu'il est difficile de résister. Flaubert voulait donner à sa prose la beauté du vers, mais je suis convaincue que seul Barjavel a réellement réussi. On ne retrouve pas dans les Trois Contes ou Madame Bovary la fraîcheur et l'harmonie qu'il y a dans L'Enchanteur, la Nuit des Temps ou La Charrette Bleue.