L'Ecolière

L'Ecolière

Pompéi

POMPEI, au pied du volcan

Le 24 août 79, vers midi, le Vésuve entre en éruption. C'est une véritable explosion de cendres et de pierres qui recouvre les villes alentours de Pompéi, Herculanum, Stabies ou Oplontis ensevelies pendant dix-sept siècles. Cités disparues et oubliées, elles sont redécouvertes au XVIIIe siècle et gardiennes d'un précieux trésor d'enseignement pour les archéologues et les historiens.

 

La terre des dieux :

C'est ainsi que les Romains appellent Pompéi. Située en Campanie, au bord de la méditerranée, le commerce maritime est des plus fleurissants. Construite au pied d'une "colline" dont les flancs sont d'une fertilité rare, cité riche et prospère, Pompéi a tous les atouts pour être une perle de la l'Empire Romain qui approche de son apogée. Elle abrite une population d'entre 12 000 et 20 000 habitants d'origines diverses et variées, répartis dans toutes les classes sociales. Le taux d'alphabétisation semble élevé à en croire les nombreux graffitis laissés sur les murs. La vie sociale est importante à Pompéi, comme en témoignent les fresques sur la vie quotidienne. 

A cette époque, personne n'imagine quel danger il peut y avoir à vivre au pied d'un volcan. Les rares allusions faites au Vésuve dans les textes parlent d'une montagne (cependant, d'après Historia, les contemporains d'Auguste connaissaient la nature volcanique du Vésuve et savaient en exploiter les vertus pour l'agriculture...). 

En 62, 17 ans avant l'éruption, Pompéi a déjà failli être anéantie par un séisme et les incendies qui suivirent. En 79, les réparations ne sont pas encore totalement achevées et le Vésuve est éteint depuis près de trois siècles.

 

Le réveil du monstre :

Des grondements se font d'abord entendre, puis la terre tremble, mais c'est au matin du 24 août 79 qu'une explosion fait sauter les roches qui recouvraient le cratère du Vésuve, un peu comme le bouchon d'une bouteille de champagne quand on l'agite un peu trop... Une colonne de gaz, de fumées et de cendres ne tarde pas à s'élever sur plusieurs kilomètres. L'explosion est mille fois plus puissante que celle d'Hiroshima. Le dégagement est tellement épais qu'il occulte le soleil ; les Pompéiens sont plongés dans l'obscurité. Des incendies se déclarent sur les flancs du volcan, des débris sont projetés pendant plus de 18 heures. L'éruption dure deux jours.

Herculanum, petite ville de 5 000 habitants, est située à 7 kilomètres du Vésuve. Les séismes et l'éruption y sont ressentis plus violemment qu'à Pompéi qui se trouve à 8 kilomètres de la ville. Herculanum est atteinte en quelques minutes par les premières nuées ardentes (pluie de gaz et de pierres à haute température) portées à 500°C, 200°C de plus que celles qui s'abattent sur Pompéi un peu plus tard. Ses habitants sont réduits en cendres par la chaleur extrême.

Voyant le laps de temps qui lui est accordé, la population de Pompéi se croit épargnée. Mais le pire reste à venir. Les prochaines nuées sont de loin les plus terribles : plus épaisses, plus dangereuses et elles vont beaucoup plus loin à la vitesse d'un TGV. Les 15 kilomètres qui séparent le volcan de Pompéi ne suffisent pas à la protéger. 

 

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Le témoignage de Pline le Jeune :

Pline le Jeune, talentueux écrivain né vers 61 ou 62, a entre 17 et 18 ans lorsqu'il assiste à l'éruption, alors qu'il est à Misène. Le célèbre historien antique Tacite lui demande un récit détaillé de la catastrophe. C'est d'ailleurs en hommage à Pline le Jeune qu'on appelle le nuage formé lors d'une éruption explosive un "panache plinien". En effet, Pline le décrit comme un pin parasol.

L'éruption semble s'être déroulée en deux phases. La première consiste en une pluie de pierres ponces blanches ou foncées qui tombent sur Pompéi avec une rythme de 15 centimètres par heure. Ces retombées provoquent l'éboulement des constructions et entravent la fuite des habitants. La seconde phase est la plus terrible. Elle commence le matin du deuxième jour. Des écoulements de matériaux denses plus ou moins incandescents, les nuées ardentes, détruisent Herculanum, puis Pompéi. 

Pline l'Ancien, oncle de Pline le Jeune, désireux d'observer le phénomène et de porter secours, s'est approché dangereusement du volcan. Il y trouve la mort, succombant aux émanations de gaz sulfureux, alors qu'il essaye de s'enfuir par la mer. 

 

PHDeValenciennesDestructionDePompéiCollect°privéeViaSotheby's.jpgAprès avoir assisté à l'éruption du Vésuve en 1779, Pierre-Henri de Valenciennes peignit sur ce tableau la catastrophe de l'an 79 et la mort de Pline l'Ancien sur la plage de Stabies.

 

Tentative de fuite :

Lors du court instant d'espoir laissé aux Pompéiens pendant les premières nuées, ce fut l'occasion pour les habitants de revenir sur leurs pas pour récupérer leurs biens les plus précieux. Dans la Maison du Faune, la maîtresse de maison rassembla ses bijoux avant d'aller se cacher dans le triclinium (salle de réception et de repas) et d'être écrasée par le plafond écroulé. 

Dans la maison de Diomède, le propriétaire commanda à 18 personnes dont sa femme et son fils en bas âge d'aller se cacher dans la cave auprès des victuailles et des bijoux. Ils moururent asphyxiés, la cave ayant été recouverte par les débris. Diomède trouva la mort dans sa fuite.

Dans la maison des peintres au travail, les artistes furent brutalement interrompus alors qu'ils restauraient une villa ayant subi les ravages du séisme de 62. L'un d'eux renversa un baquet de chaux dont les traces sur les murs ont été retrouvées par les archéologues. 

Dans le temple d'Isis, l'un des prêtres tenta de sauver ou de voler le trésor du temple mais il mourut au coin de la rue, les bras chargés d'or.

Quant à Titus Suedius Clemens engagé par l'empereur Vespalien pour résoudre des affaires de corruption immobilière à Pompéi, il succomba, agrippé à ses richesses.

 

La mort des Pompéiens :

Les Pompéiens sont pour la plupart morts sur le coup, comme l'indique la position des corps. Les victimes sont pétrifiées, le temps semble s'être arrêté pour toujours dans cet ancien joyau de la Rome Antique.

On a longtemps pensé que les habitants avaient succombé par asphyxie. Néanmoins, les nuées ont traversé Pompéi en une ou deux minutes, temps insuffisant pour asphyxier la population. La mort semble être plus vraisemblablement causée par la haute température. 

Les coulées de lave n'ont certainement pas anéanti la ville. D'une part parce qu'elles auraient dû mettre six jours pour atteindre Pompéi et d'autre part, il n'y a aucune trace de coulées sur les ruines. 

 

La ville oubliée :

Pompéi est désormais engloutie sous une pluie de d'éclats de lave, de cendres et de pierres ponces de 3 à 5 mètres (les sources divergent...) d'épaisseur. 

Domenico Fontana, un architecte, réalise une galerie de 1764 mètres qui traverse toute la zone de Pompéi pour dévier le fleuve Sarno. Il découvre des marbres et des fresques mais les recouvre après les travaux. Pourquoi n'a-t-il pas réagi, lui si cultivé et instruit ? Il n'était peut-être pas encore familier de l'histoire locale ou il n'a jamais vu lui-même les découvertes, étant engagé sur plusieurs chantiers à la fois. Les vagues récits des travailleurs ne l'a probablement pas alerté.

En 1607, Giulio Cesare Capaccio, historien napolitain, est le premier à saisir le sens de ces premières découvertes. Il identifie les ruines comme celles de Pompéi mais sa déclaration n'a aucun écho. Il faut attendre un demi siècle pour que le philologue Luca Holste écrive dans ses Adnotationes qu'en ces lieux, il fallait situer Pompéi.

 

Un site extraordinaire :

Au XIXe siècle, l'archéologue italien Giuseppe Fiorelli réalise des moulages en plâtre à partir des cavités laissées par les corps. Ces moulages ont permis de reconstituer le visage de certains Pompéiens.

Les cendres ont merveilleusement bien protégé la ville. Elle est mieux conservée et mieux connue que Rome, Athènes, Constantinople ou Alexandrie. Elle comporte des temples, des thermes, un forum, des boutiques, des théâtres et même l'un des plus anciens amphithéâtres du monde.

La Villa des Mystères est une des plus belles villas de Pompéi. Ses fresques admirablement conservées sont splendides. Elle fut construite aux environs du IIe siècle avant J.C, rénovée et embellie à l'époque impériale. 

 

vase-oraculaire.jpgFresque de la villa des Mystères.

 

Sources :

Wikipédia : j'ai consulté plusieurs articles à la fois sur le site de Pompéi et sur l'éruption

Histoire National Geographic n°1 (avril 2013) : se centre plus sur les victimes

Historia n°778 octobre 2011, Pompéi, un art de vivre exceptionnel : je m'en suis très peu servi

La Cité disparue de Pompéi (documentaire) : qui constitue la majeure partie de mes notes avec des petits rappels intéressants de géologie

C'est pas sorcier, Pompéi : que j'ai très peu utilisé aussi car il développe plus la culture des Romains et ne se concentre pas trop sur la ville en elle-même. Mais il est passionnant !

 

Episode de C'est pas sorcier : Pompéi

 

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06/04/2014
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