L'Ecolière

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La chasse aux sorcières

LA CHASSE AUX SORCIERES, la folie du bûcher

La chasse aux sorcières est une période très connue de notre histoire, une véritable guerre entre sectes sataniques et religion chrétienne. Comment la rumeur fabrique de véritables boucs et émissaires, venez le découvrir en lisant ces pages.

 

Le diable rôde... :

Cette nuit, Satan accueille ses disciples qui l'honorent en procédant à des grands banquets cannibales, avant de reprendre la route à califourchon sur leurs balais magiques. C'est le sabbat. Conte ou réalité ? Le débat fait rage chez les clercs à la fin du Moyen-Âge et c'est ainsi que les premiers prétendus sorciers montent sur le bûcher.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l’Église médiévale n'a pas toujours été hostile à la magie. Seuls les clercs instruits sont autorisés à pratiquer la magie rituelle et à plonger leurs nez dans les fameux grimoires, rédigés en latin, qui ont le pouvoir d'invoquer les démons. Quant aux sorciers de villages, ils invoquent des maléfices, mais sont aussi des guérisseurs et des rebouteux. Certains ont été brûlés, mais ce n'est pas autant qu'ils sont véritablement persécutés.

C'est seulement à la fin du Moyen-Âge que les sorciers sont considérés comme des hérétiques (contres les idées de la religion) qui ont renié la foi en Dieu. C'est ainsi que l'idée de guerre contre la religion chrétienne naît dans les esprits.

 

La chasse est ouverte ! :

La plus ancienne chasse aux sorcières remonte aux années 1220-1230.

Durant le XIVe siècle, les procès en sorcellerie se multiplient. Les autorités locales s'inquiètent des progrès de la secte satanique. La première des grandes chasses aux sorcières commence en 1428. Des centaines d'hommes et de femmes sont arrêtés, torturés jusqu'à ce qu'ils avouent être des adorateurs du diable. Celui-ci leur apparaît comme un animal noir (ours ou bélier) et ils devaient lui prêter allégeance. Ses ordres sont de faire autant de mal que possible à la société chrétienne en empoisonnant les hommes, détruisant les moissons et le lait de vaches... D'autres se transforment en loup-garou et viennent attaquer les troupeaux et dévorer les enfants. Mais pour se déplacer, ce n'st pas des balais qu'ils utilisent, mais des chaises volantes.

Pendant une dizaine d'année, plus de 200 personnes sont brûlées. Mais, d'après les rares actes de procédure, les accusés ne sont pas des personnes isolées, rebouteux, hérétiques, simplets ou encore juifs, mais des paysans plutôt aisés, dénoncés par leurs voisins désireux de régler certaines querelles anciennes.

 

Les inquisiteurs mènent l'enquête :

La première chose que fait un inquisiteur à la suite de rumeurs publiques c'est d'ouvrir une enquête secrète (inquisitio). Le prévenu n'a droit à aucun avocat et est arrêté pour ensuite être soumis à plusieurs interrogatoires : à la fin de chacun d'eux, l'inquisiteur adresse à l'inculpé une « monition charitable », c'est-à-dire une exhortation à avouer ses fautes sous promesse de salut. Des séances de torture accompagnent ces interrogatoires jusqu'à ce que l'on obtienne des aveux aussi complets que possibles.

La sentence est lue publiquement après un sermon pour l'édification des fidèles. Si le criminel est condamné à mort, il est remis au châtelain du lieu et au bourreau qui doit se charger de son exécution – les religieux ne peuvent prononcer des peines de sang.

Si le condamné échappe à la condamnation, il doit endurer différentes fonctions comme le bannissement ou encore porter un signe particulier sur lui. Les peines de prison sont plus rares, car elles sont plus chères.

 

Au bûcher ! :

Un délire collectif s'empare de l'Europe entière au début de la Renaissance.

La folie de terrasser les adorateurs de Satan est telle que dans certaines paroisses il ne reste plus que deux femmes sur tout les habitants !

A Würzbourg, entre 1623 et 1631, fait brûler 900 hommes, dont son propre neveu, mais aussi 19 prêtres de son clergé et 600 femmes et enfants.

En France, on estime plus de 100 000 « sorciers ».

En Finlande, 12 villageoises sont mises à mort, accusées de sorcellerie par une vieille mendiante qui s'avère folle à lier.

 

C'est pas très net... :

Il faut admettre une réalité déplaisante : les mobiles des accusations ne sont pas toujours fiables. C'est si simple de d'accuser une femme qui refuse de vous épouser, un voisin dont vous convoitez l'épouse, un riche dont la fortune vous arrangerait ou un ancien rival qui vous a anciennement humilié.

Pour soulager d'éventuels troubles de conscience, les « sorciers » avouent, surtout que la torture endurée n'arrange pas les choses.

Un bourreau compatissant à un notable allemand innocent explique que l'accusé sera tourmenté jusqu'à ce qu'il parle et dans tous les cas, brûlés. Autant avouer tout de suite et éviter le maximum de souffrance.

Il existe aussi des contre-épreuves : par exemple, une femme qui accuse, sur la balance, un poids inférieur au sien est condamnée. Ailleurs, on jette une femme dans l'eau, si elle flotte, le Diable la soulève, si elle coule, elle se noie mais au moins innocentée. On pique le suspect avec un poisson doté d'une aiguille rétractable à l'intérieur, bien évidemment le « sorcier » hurle et son compte est bon (comme dans les premiers épisodes des aventures d'Angélique, lorsque son mari est jugé pour sorcellerie).

La marque du Diable est représentée par une tache de naissance, une excroissance de chair, choses banales mais considérées, sans aucun doute, comme un signe de démon.

 

La fin des procès de sorcellerie :

Les folie des bûchers s'apaise enfin vers 1640. Les parlements renvoies les prétendus loup-garou et leur conseille de se faire soigner. L’Église passe sous silence les affaires de sorcellerie, pour éviter que ceux qui veulent attirer l'attention ne s'en inspire.

En France, Louis XIV interdit, en 1682, de juger pour prétendus faits de sorcellerie.

Ceci clôt une époque ardente mais en ouvre bientôt une autre : celle des lumières. L'Europe suivra cet exemple, mais lentement pour certaines contrées (quelques unes continuent les bûchers encore au XVIIIe siècle).

 

La légende de Salem :

Alors que la sorcellerie ravage la Nouvelle-Angleterre, Satan fait une apparition dans le foyer du révérend Samuel Parris, pasteur de l'église de Salem village. Il y a deux filles, Betty et Abigail qui vivent là. La servante, Tituba leur apprend à lire l'avenir dans un verre avec un blanc d'oeuf, en guise de boule de cristal. Ce sont des jeux défendus et les fillettes ne l'ignorent pas.

Mais bientôt, les deux petites filles sont envahies d'un gros sentiment de culpabilité et quand l'une d'elle demande quel sera le métier de son futur mari, elle voit un spectre flotter dans le blanc d'oeuf. Betty et Abigail comprennent qu'elles sont damnées.

Quant Betty tombe malade, toute la famille se réuni près de son lit pour prier, mais en entendant les prières, elle pousse des cris de chien enragé. Abigail connait son secret et pourquoi elle donne de tels cris, mais elle se tait. Quant à celle-ci, elle se met à avoir des convulsions, elle hurle et se comporte comme un animal. Les prières de la famille ne fait qu’aggraver l'état des deux fillettes.

Bientôt, toutes les enfants ayant joué à ces jeux dangereux présentent les même symptômes. Le bruit court que c'est l'oeuvre du Malin. Une des commères du village, Mary Sibley prépare un « gâteau de sorcières », pour délivrer les jeunes filles. Grâce au sortilège, Betty et Abigail avouent qu'elle ont pratiqué la sorcellerie et dénoncent la servante ainsi que deux autres vieilles dames du village.

Tituba avoue être sorcière et accuse les deux autres d'être ses complices. D'autres femmes, au dessus de tout soupçon sont accusées et les filles ont des convulsions à chacun de leurs passages.

Finalement, tous les accusés sont condamnées, à l'exception de deux femmes enceintes qui obtiennent un sursis jusqu'à la naissance de leur enfant.

 

Les petites filles assistent aux incantations de Tituba.

 

Et aujourd'hui ? :

Les sorciers et sorcières ne sont pas nécessairement brûlés, mais ils sont toujours persécutés partout dans le monde. L'Organisation des Nations unis publie régulièrement des rapports concernant des jeunes enfants victimes de sévices pour avoir été dénoncés comme sorciers.

En 2010, le responsable de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et du centre mettent en cause les « pasteurs-prophètes des églises pentecôtistes » pour leurs pratiques d’exorcisme sanglantes.

Le continent africain n'est pas le seul où les sorciers sont toujours assassinés. En Inde, ce sont les femmes, les victimes. Chaque année, on en dénombre environ 200 d'entre elles battues à mort, pendues ou encore enterrées vivantes.  



02/07/2011
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