Le vampire
LE VAMPIRE, histoire d'un buveur de sang
Une des créatures les plus connues et les plus redoutées de toutes nos légendes est sans aucun doute le vampire. Depuis l'Antiquité, l'histoire de ces dangereux morts-vivants fascine et effraie à la fois. Dès la nuit tombée, les vampires sortent de leur cercueil pour aller boire le sang des vivants avant de retrouver leur tombe dès les premiers rayons du soleil...
Un mythe de tous les âges :
L'Antiquité Gréco-Romaine connaît ses propres entités vampiriques : ce sont principalement les lamies qui pèsent sur la poitrine des dormeurs et viennent aspirer le sang des enfants avant de les dévorer. En Flandres, on les appelle bloed-elven qui signifie "les fées de sang". D'après la légende, elles traversent les villages dans des voitures rouges tirées par un cheval noir à la recherche d'enfants isolés pour les massacrer sur place.
Les premières mentions de morts qui sortent la nuit pour tourmenter les vivants remontent au XIIe siècle. Une épidémie de vampirisme marqua l'ensemble de l'Europe de l'Est et des Balkans au XIVe siècle mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour que les cas les plus notoires fassent leur apparition dans l'Histoire.
Des vampires célèbres :
Parmi les légendes les plus célèbres de vampire, il y a celle d'Elizabeth Bathory. Cette comtesse de Hongrie aurait trouvé ses premières victimes parmi de jeunes paysannes avant de s'en prendre aux jeunes filles de petite noblesse qu'elle attirait chez elle feignant de leur apprendre les règles de l'étiquette. Un témoin affirme qu'elle aurait tenu un carnet contenant les noms de 160 victimes. La légende veut que la comtesse Bathory se baignait dans le sang de ses victimes, pensant ainsi rajeunir. Elle cultivait ses penchants sadiques à l'extrême. Elle fut assignée à résidence jusqu'à sa mort en 1614. Certains aspects de sa légende ont inspiré Bram Stocker pour son roman Dracula.
Ci contre : reportage sur l'histoire et le mythe d'Elizabeth Bathory. Visionner la vidéo sur youtube. |
Une autre histoire est celle d'Arnold Paole, au XVIIIe siècle, qui fut accusé d'avoir décimé une grande partie du bétail de la population de Medwegya, en Serbie. Paole avait raconté avant son décès qu'il avait été victime d'un vampire dans la Perse Turque. Il essaya de manger la terre dans la tombe d'un vampire et de se badigeonner le corps avec le sang de ce dernier, mais il rejoignit quand même la filière vampirique après sa "première" mort. En déterrant son cercueil, les villageois lui plantèrent un pieu dans le coeur et brûlèrent le cadavre en parfait état de conservation, les chaires rouges, les yeux injectés de sang frais et le nez, les oreilles et le linceul ensanglantés.
Un physique morbide :
Les vampires passent rarement inaperçu : leur teint cadavérique, leurs yeux rouges et brûlants sans compter les longues canines pointues qui couvrent une partie de leur lèvre inférieure.
A l'instar des loups-garous, les vampires présentent une pilosité assez impressionnante. Leurs sourcils sont joints et leurs mains sont étonnamment poilues, jusqu'à l'intérieur des paumes. D'ailleurs, le terme Vrykolakas, désignant une sorte de revenants corporels parfois associés aux vampires, signifie "loup-garou" en slave.
Si les vampires revêtent le plus souvent une apparence humaine, ils peuvent se transformer en chauves-souris mais aussi en brouillard et en fumée. Ils sont aussi capables de voler, mais ne peuvent pénétrer dans les lieux où ils n'ont pas déjà été invités par un vivant.
Une dernière caractéristique typique des vampires est bien sûr celle de ne posséder ni reflet ni ombre.
Comment devenir un vampire :
La voie la plus connue pour rejoindre les rangs vampiriques est de se faire mordre et sucer le sang par l'un de ces incontournables buveurs de sang.
Cependant, certaines personnes sont pré-disposées à devenir vampire : les enfants nés des amours interdites entre un prête et une nonne, les enfants "nés coiffés" (avec le placenta sur la tête) ou nés avec des dents ou un bec-de-lièvre. Sont suspectés les enfants morts sans baptême, les adultes décédés en état de pêcher mortel sans aucun sacrement, tous les enfants nés septième de leur famille... et tous les roux ! Enfin, pour ces derniers, il s'agit d'une superstition d'origine slave.
Les femmes susceptibles de donner naissance à des vampires sont celles qui ont été victime d'un simple regard de l'un d'entre eux durant les trois premiers mois de grossesse.
Les vampires psychiques :
Il existe des personnes qui ont le don d'inspirer une redoutable fatigue intérieure, un profond découragement, un ennui mortel ou un immense désespoir. Ne cherchez plus : vous êtes confronté à un vampire ! Toutefois, les "vampires psychiques" ne sont pas toujours conscients de l'effet qu'ils font aux autres.
Dans d'autres cas, il existe des vampires capables - totalement intentionnellement cette fois - d'épuiser leur victime en leur ôtant toute force et toute vie. Ferdinand de Schertz cite le témoignage suivant dans sa Magia posthuma : "Une personne se trouve attaquée de langueur, perd l'appétit, maigrit à vue d'oeil et, au bout de huit ou dix jours, quelquefois quinze, meurt sans fièvre et sans aucun symptôme de maladie que la maigreur et le dessèchement. On dit, en Hongrie, que c'est un vampire qui s'attache à cette personne et lui suce le sang."
Vamps et vampires :
Le mythe du vampire possède une forte connotation érotique. Nombre de vampires masculins sucent avidement le sang des jeunes femmes comme les vampires féminins qui s'en prennent exclusivement aux hommes.
Cependant, il existe une exception : celle de la nouvelle Carmilla de Sheridan Le Fanu, de 1872, où un vampire femelle, Carmilla, est avide du sang des femmes. Celle-ci éprouve pour Laura un désir trouble et réciproque : "Tu es à moi, tu seras à moi et nous serons unies à jamais".
De cette ambiguïté entre vampire et érotisme découle le terme "vamp" qui désigne une femme fatale dont l'amour est souvent mortel.
Ci contre : les vamps, deux humoristes qui incarnent un duo de vieilles dames particulièrement désagréables et en totale opposition avec la définition traditionnelle du mot "vamp" ! |
Comment se débarrasser des vampires :
Exposer un vampire au grand jour lui est souvent fatal, lui qui déteste la lumière du soleil.
Le bon vieux truc du crucifix, de l'eau bénite et des hosties consacrées semble tout aussi efficace. Cependant, le mythe de la gousse d'ail - tout aussi radical - semble provenir de Roumanie. Le rosier, l'aubépine et la verveine sont aussi d'excellents remèdes et la moutarde étalée sur le sol est imparable.
Collin de Plancy assure dans son Dictionnaire Infernal que le pain obtenu en mélangeant du sang de vampire et de la farine garantit celui qui le mange de toute attaque des vampires. Si vous redoutez que le mort enterré ne revienne troubler vos nuits, vous pouvez l'allonger sur le sol : il s'étouffera avec de la terre. Vous pouvez aussi lui emplir les oreilles, les narines et les yeux avec de l'encens. Il y a aussi la méthode du pieux planté dans le coeur avant l'incinération complète du cadavre... bref, vous avez le choix !
Ci contre : l'attirail du chasseur de vampire... |
Les vampires dans la littérature :
Au fil des siècles, de nombreux traités ont été écrits sur les vampires. Parmi les auteurs célèbres, on compte dom Augustin Calmet, un érudit lorrain du XVIIe siècle.
Les vampires entrent en littérature en plein Romantisme anglais, au XIXe siècle, avec notamment Vampire de Lord Byron et bien sur le célèbre Dracula de Bram Stoker. Celui-ci s'est inspiré de Vlad Tepes (1431-1476) qui libéra sa province (aux limites de la Roumanie et de la Hongrie) des envahisseurs ottomans. Sa cruauté sanguinaire est restée légendaire et lui valut les surnoms de "Vlad l'Empaleur" et de "Dracula" qui vient de Dracul, "diable" ou "dragon".
Dans la littérature française, Théophile Gautier a écrit, en 1836, La Morte Amoureuse qui relate les amours d'un prêtre, Romuald et de la vampire Clarimonde : "Bois ! Et que mon amour s'infiltre dans ton corps avec mon sang !".
A propos des goules :
J'ai toujours pensé que l'équivalent féminin des vampires étaient les goules. En fait, d'après l'Encyclopédie du Merveilleux d'Edouard Brasey, les goules s'apparentent davantage à des vampires dans la tradition des récits occidentaux. Cependant, ce sont des démons originaires des légendes mésopotamiennes et arabes. Si elles sont capables de métamorphoses, les goules sont des êtres à l'aspect repoussant. Ismaël Mérindol, dans son Traité de Faërie, les décrit comme "... une sorte de masque visqueux et purulent d'où émergeaient des yeux rouge sang qui pendaient de leurs orbites. La vieille n'était autre qu'une goule, une mangeuse de cadavres !".
Deux vampires rigolos :
Après ce long voyage, je vous propose de vous détendre avec deux vampires plutôt originaux que j'ai trouvés sur le net.
Le premier est le loogaroo, un lycanthrope des Caraïbes, mentionné dès le XVIe siècle et qui offre le sang de ses victimes au Diable. Cependant, cette redoutable créature possède un petit point faible : celui de compter sans cesse les grains de sable au sol. Pour s'en débarrasser, il suffit de déposer un gros tas de grains devant son antre en espérant qu'il n'aura pas fini de les compter avant le lever du soleil. En effet, si tel est le cas, il n'attaquera personne la journée !
Le deuxième est le Nukekubi, le vampire japonnais. Celui-ci a la particularité d'être parfaitement ordinaire le jour alors que la nuit... sa tête se détache de son corps pour aller mordre les vivants ! Pour le neutraliser, rien de plus simple : il faut juste attaquer le reste de son corps vulnérable alors que sa tête est en vadrouille. :-D
Ci contre : Dessin de Nukekubi datant de la période Edo (du XVII au XIXe siècle)
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Sources : La Petite Encyclopédie du Merveilleux d'Edouard Brasey - Wikipédia - La Légende des Vampires: L'origine des vampires
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