L'Ecolière

L'Ecolière

Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Edouard Brasey

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L'histoire :

Un couple d'adolescents, Edern et Solenn, décide d'aller quérir la bénédiction de la fée qui habite la fontaine de Barenton, dans la forêt de Brocéliande. Ils sont accompagnés de Maëlle, à qui on prête des allures de sorcière, de Yann, ami des merles et des arbres de la forêt, et de Hubert, le frère d'Edern. Le principe est de jeter des épilles, c'est-à-dire des aiguilles, dans l'eau. Si elles restent à la surface, la fée est favorable à l'union des enfants, si elles coulent, elle jette une malédiction sur les cinq amis. Alors qu'ils sont sur le point de demander une réponse à la fée, Hubert trébuche, Edern et Solenn se blessent avec les épilles qui tombent, coulent au fond de la fontaine, accompagnées d'une goûte de sang...

 

Mon avis :

Les Lavandières de Brocéliande, contrairement à ce que je pensais, ne fait jamais intervenir directement la magie. On parle de fée, de malédiction mais rien de tout ça n'est clairement évoqué comme réel. Et pourtant, ce livre est plein de magie : jusqu'au bout j'ai senti la présence de quelque chose de surnaturel, comme ci la fée de Barenton avait vraiment manigancé toutes ces épreuves, comme si elle se cachait quelque part, au fil des pages, observant les ravages que la malédiction provoquait, chapitre après chapitre.

Le style est vraiment magnifique. J'ai trouvé le prologue presque parfait. Seul Henri Troyat avait un style que j'aurais qualifié de "frôlant la perfection". Cela ne veut pas dire que je trouve la manière d'écrire des autres écrivains que j'ai lus moins bonne, mais c'est le seul auteur que j'ai rencontré qui m'inspire cette remarque. Edouard Brasey m'a fait penser la même chose : c'est "concentré", j'ai l'impression de ne rien pouvoir ajouter, tout est là, à sa place, en harmonie avec le reste. Même si ça se simplifie au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture.

J'ai eu l'impression de me fondre dans la Bretagne grâce aux légendes mais aussi aux mots de vocabulaire, empruntés au patois de cette région. J'ai vraiment cru voyager dans un autre monde, un monde pas si loin de chez moi, en fin de compte. Le roman est d'une exceptionnelle richesse.

Je me demande ce qui serait arrivé si on n'avait pas connu toute l'histoire. En fait, comme le dit la quatrième de couverture, une jeune lavandière, Annaïg, a été retrouvée morte dans le lavoir. Sa mère clame la vengeance des lavandières de la nuit. Nous, lecteurs, nous savons tout du long qu'il n'en est absolument pas le cas, qu'elle a été tuée par quelqu'un de bien réel, nous savons pourquoi et comment. Ce qui m'amène à me demander ce que ça aurait donné si on n'avait pas su tout ça. Si on avait eu connaissance du prologue, de la situation qui suit et après, directement on enchaîne sur Annaïg retrouvée morte. Ca aurait laissé beaucoup de suspense et on n'aurait pas pu s'empêcher de faire le rapprochement avec la malédiction de la fée de Barenton.

Néanmoins, de la façon dont il est présenté, je trouve le livre de toute façon vraiment très bien fait. Il est basé sur une intrigue cohérente et si bien construite que j'ai eu du mal à le lâcher ! Edouard Brasey a su entretenir une pincée de mystère malgré tout qui fait que, quoi qu'on sache, il manque toujours le fin mot de l'histoire.

Quand j'ai raconté l'histoire à Maman, elle n'en croyait pas ses oreilles : je lui parlais avec énormément d'enthousiasme d'une série de meurtres, de mensonges, de lâchetés et de bassesses... Elle a conclu par ceci : "Décidément, il t'a ensorcelée cet Edouard Brasey !". Oui, je le pense. Je crois que jamais je n'aurais eu le recul nécessaire pour me rendre compte à quel point l'histoire peut être morbide, tant j'étais subjuguée. Ca prouve bien que malgré cette ambiance macabre, j'ai été sensible à une certaine magie...

C'est le premier roman que je lis d'Edouard Brasey. Je connaissais déjà cet auteur par sa Petite Encyclopédie du Merveilleux qui m'a charmée comme peu d'ouvrages l'ont fait. Je compte bien réitérer l'expérience car je ressors ravie de cette lecture qui, je dois bien l'avouer, avait commencé à me faire redouter la déception tant j'avais peur de la fin. 

A vous !

 

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28/07/2013
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