Tarendol
Tarendol
René Barjavel
L'histoire :
Jean Tarendol repart au collège après la fin des vacances de Pâques. Il retrouve son copain Fiston qui lui propose d'aller manger les fraises qui sont juste mûres. Une fois la nuit tombée, les deux adolescents se glissent hors de leur lit pour rejoindre le jardin. Le festin terminé, ils décident de retourner au dortoir quand une lumière s'allume chez les filles. Hissés sur le toit, Jean et Fiston assistent à une vision enchanteresse : celle d'une jeune fille qui se déshabille au loin dans sa salle de bain, se croyant à l'abri des regards et bien loin de se douter que deux garçons l'observent en silence. Subjugué, Jean grave à jamais dans sa mémoire cet instant magique et tombe éperdument amoureux de la jeune fille.
Grâce à la soeur de l'un de ses camarades de classe, Jean parvient à connaître le nom de la belle inconnue : c'est Marie. Il lui fait passer des lettres enflammées d'amour, il l'approche, la la guette, il la regarde, il pense à elle, il ne voit qu'elle, il ne vit que pour elle... Et un jour ils se retrouvent. Marie ne tarde pas à ne plus voir que lui elle aussi, ce beau jeune homme aux yeux d'or.
Mais leur amour est compromis : la mère de Marie les découvre en flagrant délit pendant l'un de leurs rendez-vous. Afin de mettre un terme à leurs relations, les parents de Marie décident de l'envoyer chez sa tante. Jean part la retrouver pendant les vacances d'été...
Alors que l'automne approche, il est l'heure pour Marie de rejoindre ses parents et pour Jean de commencer ses études aux Beaux Arts pour devenir architecte. Jean reçoit régulièrement des lettres de Marie, il lui décrit sa vie, ses voisins, ses études, son travail, dans toute l'insouciance de son âge. Mais il va devoir revenir sur Terre vite car bientôt, après cinq jour de silence, Marie lui écrit qu'elle est enceinte...
Mon avis :
Il est difficile de vous donner mon avis car je suis incapable de vous dire si j'ai aimé ou pas et je ne sais pas vraiment quoi en penser.
Tarendol est un roman magnifique. En le relisant pour écrire mon petit résumé, je n'ai pas pu rester insensible au style enivrant de Barjavel.
L'histoire est régulièrement interrompue par des "pauses" durant lesquels l'écrivain reprend la parole et parle du moment où il écrit, de ce qu'il ressent. Il fait vivre ses personnages par sa plume et nous les faisons vivre par nos yeux et notre imagination. Ce roman est plein de vie.
Mais la fin est des plus tristes. J'ai tellement pleuré que j'avais décidé de ne pas vous présenter le livre. Finalement je l'ai fait. Parce que l'admiration que j'éprouvais et que j'éprouve encore pour Barjavel ne pouvait pas se terminer comme ça. Il fallait que je comprenne. J'ai d'abord jeté le livre à terre, comme le veut la tradition (tous les livres qui me font pleurer finissent sur le sol...), j'ai laissé couler les larmes, j'ai parlé aux murs pour vider mon coeur et mon esprit et je me suis endormie. Le lendemain, j'y pensais encore. Le livre est resté par terre durant plusieurs jours jusqu'à ce que je me décide à le ramasser et à l'ouvrir une nouvelle fois. Je n'ai toujours pas compris, jusqu'à présent. Je commence à comprendre.
Voyez-vous, les romans qui se finissent mal, je ne suis pas contre. Les Garçons de la rue Paul est l'un des romans les plus tristes que j'ai lus et pourtant c'est aussi l'un des plus beaux. Je pense que quand on lit un livre, c'est avant tout pour l'histoire. Si l'histoire se finit mal, alors le livre n'a plus d'intérêt. En revanche, je pense que si le livre ne se caractérise pas seulement par son histoire, il peut se permettre de se finir mal puisque l'histoire s'achève mais n'emporte pas avec elle le livre en entier. Dans Les Garçons de la Rue Paul, la fin est triste mais la mort fait ressortir le courage et la loyauté et c'est ça qui fait que Les Garçons de la Rue Paul est un très beau roman. Pour La Nuit des temps, le voyage était trop beau, trop incroyable, trop grand pour qu'on puisse se permettre de le suivre tout du long ; il fallait que ça s'arrête. Si Elea et Païkan étaient vivants, alors où seraient-ils dans notre monde ? Ils ne pouvaient pas rester. Il n'y avait pas de place pour eux. C'était une situation impossible.
Mais pour Tarendol, pourquoi ? C'était beau, c'était possible... pourquoi l'arrêter ? Si ça s'arrête, que devient le roman ? A première vue rien. Mais en relisant le début, Barjavel écrit "vous ne pourrez rien faire pour leur épargner le malheur. Rien, ni vous ni moi ne pouvons rien changer à leur destin. Nous ne pouvons rien changer au nôtre". Je pense que je commence à comprendre. Très doucement, il me faudra du temps pour accepter parce que j'ai réagi de façon violente à cette fin qui m'a arraché des sanglots.
C'est notre vie. C'est la vie de tout le monde. C'est difficile à concevoir : nous n'avons pas tous observé de jeunes filles à leur fenêtre, ni écrit de lettres, ni rien de tout ce qui est raconté et pourtant, c'est nous tout entier. C'est trop grand pour y pouvoir quelque chose. Comme pour La Nuit des Temps, ça prend une dimension gigantesque que nous sommes obligés de terminer pour revenir dans notre monde...
D'ailleurs, j'ai remarqué que le roman s'achève sur une sorte d'épanadiplose : "des adolescents bouleversés embrasseront leurs premières filles..." Nous sommes tous concernés ; le tourbillon de la vie est trop grand pour nous. C'est la seule explication que j'ai trouvée pour le moment.
Je ne relirai certainement jamais Tarendol. Ca m'a fait trop mal sur le coup et je n'ai jamais été friande de romans d'amour. Même avant de connaître la fin, je n'étais pas particulièrement emballée.